Perspectives Analytique et information
Les institutions financières sont essentielles à la lutte contre la traite des personnes
L’Ontario souligne le 22 février la Journée annuelle de sensibilisation à la traite des personnes
La traite des personnes est l’une des activités criminelles les plus lucratives du monde et rapporterait chaque année des milliards de dollars en profits illicites, selon l’Organisation internationale du travail des Nations unies. Mais beaucoup ignorent qu’elle donne souvent lieu à du blanchiment d’argent et que les institutions financières (IF) jouent un rôle clé dans la détection et la prévention de ce crime.
Lors du Sommet Innovation COR.SPARK 2019 de Symcor, Timea Nagy, courageuse rescapée de la traite des personnes et porte-parole de la lutte contre ce trafic au Canada, a rappelé ce rôle à des dirigeants du secteur financier, après avoir évoqué son atroce expérience du sombre univers de la traite d’humains et décrit comment les prédateurs blanchissent leur argent via des circuits financiers légitimes.
Le travail de sensibilisation de Timea Nagy a mis en évidence la gravité de la situation, ici même au Canada. Car si les sociétés prospères et progressistes peuvent sembler immunisées contre ce crime haineux, la traite de personnes exploitées sexuellement ou économiquement existe partout au pays, notamment dans certaines régions de l’Ontario. Selon le gouvernement ontarien, les deux tiers des cas déclarés par la police canadienne ont lieu dans cette province. Et c’est pour focaliser l’attention sur ce problème croissant que l’Ontario a désigné le 22 février Journée de sensibilisation à la traite des personnes.
La traite des personnes rapporte gros aux criminels
Selon le Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE), l’unité du renseignement financier (URF) du Canada, la traite des personnes consiste à contrôler et à maintenir les victimes en état de servitude par appât du gain. Elle peut impliquer de recruter, de transporter et de loger des personnes à des fins sexuelles ou de travail forcé.
Le CANAFE souligne que la traite à des fins sexuelles rapporte gros aux criminels, qui peuvent revendre un être humain plusieurs fois sur une longue période, contrairement aux drogues ou aux armes qu’on ne peut vendre qu’une seule fois. Et comme il s’agit d’un crime clandestin difficile à détecter et à instruire, le taux de poursuite pénale est relativement faible à l’échelle mondiale, selon le ministère de la Justice. Des sources du réseau Global News estiment qu’au Canada, un trafiquant peut tirer 300 000 dollars par année d’une seule de ses victimes.
Comment une survivante a aidé à mobiliser tout un secteur
Par son action, Timea Nagy a su mobiliser le CANAFE, les autorités policières et de grandes institutions financières autour du Projet PROTECT, tout premier partenariat de lutte contre la traite des personnes axé sur le blanchiment d’argent. Le projet a permis d’établir une liste d’indicateurs qui aident les IF à détecter les schémas de traite et à signaler les transactions douteuses nécessaires aux divulgations de renseignements financiers du CANAFE. Inestimables pour les autorités policières et pénales, ces données ont de multiples usages : retracer les liens financiers, démasquer les suspects, recouper les informations, élargir ou approfondir les enquêtes, fixer de nouvelles cibles, obtenir des ordonnances et des mandats de perquisition, repérer les biens à saisir ou à confisquer.
Se connecter pour le bien commun et un Canada plus sûr
La traite des personnes figurant parmi les activités criminelles internationales en plus forte croissance, le secteur financier et les autorités policières doivent plus que jamais collaborer pour intervenir le plus rapidement possible. En nous unissant autour d’une cause commune, nous pouvons agir pour le bien commun.
Timea Nagy se fait l’écho de cette ambition : « L’unique façon de mettre fin à ce trafic consiste à unir nos forces et à débattre des meilleurs moyens de l’éradiquer. Sans quoi, nous n’en verrons jamais la fin. »

Sources
Organisation internationale du travail : https://www.ilo.org/global/about-the-ilo/newsroom/news/WCMS_243201/lang--en/index.htm
Symcor : https://www.symcor.ca/insight/connecting-for-common-good-highlights-from-corspark-2019
Gouvernement de l’Ontario : https://news.ontario.ca/opo/en/2019/11/ontario-developing-new-strategy-to-fight-human-trafficking.html
CANAFE : https://www.fintrac-canafe.gc.ca/intel/operation/oai-hts-eng
Gouvernement du Canada – Ministère de la Justice : https://www.justice.gc.ca/eng/cj-jp/tp/what-quoi.html
Global News : https://globalnews.ca/news/4047182/child-sexual-exploitation-in-canada-survivors-reveal-terrifying-reality/
Office des Nations unies contre la drogue et le crime : https://www.unodc.org/unodc/en/human-trafficking/2010/addressing-trafficking-in-persons-since-1949.html
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Le 22 février marque la Journée de sensibilisation à la traite des personnes en Ontario. Si vous-même ou quelqu’un de votre entourage avez besoin d’aide, la ligne de secours sur la traite des personnes de l’Ontario vous indiquera les services de soutien de votre collectivité. Composez le 1-833-999-9211 ou, pour en savoir plus, aller à http://www.findhelp.ca/anti-human-trafficking/ontarios-human-trafficking-helpline.